fbpx
Lumieres_Piudsei
Les Lumières: une introduction générale

Ott 17, 2022

Les Lumières sont un mouvement philosophique et littéraire qui a origine en France et qui se répandit en Europe et aussi au-delà de l’océan pendant tout le long du XIX siècle. Le nom indique la tentative de “éclairer” les ténèbres qui entourent l’humanité à cause d’un manque de raison, liberté, esprit critique, courage, droits, sentiment, fraternité, sensibilité, bonheur et imagination.

Le contexte historique et culturel des Lumières

Le Siècle des Lumières (1715 – 1789) est marqué par des bouleversements politiques et innovations culturelles – très souvent liés entre eux.

De la mort du Roi Soleil à la Révolution française

La période historique qu’on connaît comme “le Siècle des Lumières” commence et finit avec la chute d’un roi. En 1715 la mort de Louis XIV, connu aussi comme le Roi Soleil, libère la France d’une autorité absolue. Le classicisme, l’austérité et l’intolérance religieuse laissent la place à la régence plus permissive du duc d’Orléans (1715 – 1722) et au règne de Louis XV (1722 – 1774) favorable aux artistes et aux intellectuels. Il se crée un espace de réflexion et critique pour mettre en question les traditions culturelles et les formes de gouvernements. D’autant plus qu’il y a l’exemple de l’Angleterre, qui depuis la “Glorieuse Révolution” de 1688-1689 et la Déclaration des droits est devenue une monarchie constitutionnelle.

Sous le règne de Louis XV la France prospère: la production industrielle est en croissance, le libertinage et le luxe se diffusent auprès des plus riches, le français est parlé dans toutes les cours d’Europe. Mais tout ça est possible seulement au détriment du peuple, qui est toujours plus pauvre à cause des impôts (qu’ils sont les seuls à payer), des esclaves et des colonies. Ces dernières seront la cause d’une guerre (la Guerre de Sept Ans) avec l’Angleterre qui se conclura avec la perte du Canada et de l’Inde: le pouvoir de la monarchie française commence à s’affaiblir.

Quand Louis XVI prend la place de son père sur le trône en 1774 la tension au niveau social est haute. Le nouveau roi tente des réformes mais il rencontre l’opposition de la noblesse et le clergé, attachées à leurs privilèges. Cependant en 1783 l’Amérique conclut sa guerre d’indépendance de l’Angleterre et devient une République, fournissant ainsi un autre modèle alternatif à la monarchie absolue. La situation politique est tellement compliquée que Louis XVI convoque les États Généraux. C’est le 1789: le début de la Révolution française, de la fin de l’Ancien Régime et aussi du Siècle des Lumières.

La diffusion du savoir au temps des Lumières

La vie intellectuelle change radicalement en termes de lieu et publique. Le centre du savoir n’est plus la cour royale mais il se ramifie dans les cafés, les salons, les clubs et les loges maçonniques. Certains des lieux les plus célèbres sont le Café Procope (le plus ancien café littéraire de Paris), ainsi que les salons de Mme de Tencin, Mme du Deffand et Mme Geoffrin. Ici la conversation brillante, la diffusion de nouvelles idées et le désir de renouvellement politique sont à l’ordre du jour.

Mais aussi les personnes qui fréquentent ces lieux sont différentes: commerçants, grands propriétaires terriens, militaires et paysans aisés. L’accès aux livres et à la culture n’est plus réservé à la noblesse et au clergé, mais aussi à la petite et grande bourgeoisie qui gagne toujours plus de pouvoir économique et demande d’avoir la même reconnaissance au niveau politique.

Un des domaines de la connaissance qui connaît la plus grande diffusion est la science. Les théories de Isaac Newton sur la gravité et le mouvement des planètes (qui contredisent les dogmes religieux) sont largement discutées. Les recherches en champ électrique et chimique font des grands pas en avant. Mais c’est surtout l’approche scientifique qui s’enracine: l’expérimentalisme, l’observation et le matérialisme. Ceci est marqué par la naissance de nouvelles académies.

Les Lumières: un mouvement plus complexe de ce qu’on pense

Le siècle des Lumières est une constellation d’idées et de perspectives intrinsèquement plurielle, variée et complexe. Cependant l’image qu’on a de cette période est souvent faite de traits distinctifs, qui reviennent dans une cadre homogène dans lequel le sens pluriel des Lumières se perd:

  • Les Lumières en tant qu’attitude philosophique militante contre les croyances superstitieuse dans divers domaines de la vie collective;
  • Les Lumières comme ensemble d’usages de la raison dans la vérification des pouvoirs et de la légitimité des autorités épistémiques
  • Les Lumières comme perspective éthique, politique et normative sur les institutions et les fondements de la coexistence;
  • Les Lumières comme atelier ou “chantier” de notre modernité.

Mais cela n’est qu’une partie de la vérité. Les Lumières sont un mouvement tant philosophique, que littéraire et artistique, social et politique. Le siècle des Lumières n’est pas seulement le triomphe de la raison sur les préjugés et la tradition, mais aussi la redécouverte de l’importance de la sensibilité et de l’imagination, une réflexion sur le bonheur et la tentative d’établir une relation avec les autres cultures selon un esprit cosmopolitique. A ce propos il faut souligner que ceci est un mouvement européen et international, non seulement français: les Lumières se trouvent aussi en Prusse et en Allemagne, en Italie et aux États Unis.

Les auteurs et leur œuvres principaux des Lumières

Même si c’est un mouvement européen, le centre intellectuel des Lumières est la France. Il y a beaucoup d’auteurs et nous ne pouvons que traiter les plus importants: Montesquieu, Voltaire, Diderot, Kant. Ici on peut aussi citer d’autres figures importantes comme d’Alembert, rédacteur de l’Encyclopédie et surtout du Discours préliminaire (1751) qui en est manifeste, le libertin Sade ou les dramaturges Beaumarchais (1732-1799) et Marivaux (1688-1763). Et il ne faut pas oublier au-delà des philosophes de France aussi les Anglais Hume et Smith, les Italiens Verri, Beccaria et Pagano, l’Allemand Lessing et beaucoup d’autres.

Kant (1724–1804)

Immanuel Kant peut être considéré comme le dernier représentant des Lumières, mais il est utile de commencer par lui parce qu’il écrit une des meilleures et plus célèbres définitions du mouvement dans l’article de 1784 Was ist Aufklärung? (Qu’est-ce que les Lumières?).

«Qu’est-ce que les Lumières? La sortie de l’homme de sa minorité, dont il est lui-même responsable. Minorités, c’est-à-dire l’incapacité de se servir de son entendement sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement, mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapere aude! Aie le courage de te servir de ton propre entendement! Voilà la devise des lumières».

Les Lumières sont donc une attitude d’émancipation de l’individu: une exhortation à ne pas s’appuyer à une autorité extérieure pour connaître le monde et mener sa vie, mais au contraire à utiliser sa propre intelligence. Rien n’est trop sacré, indubitable ou puissant pour ne pas être soumis au libre examen de la raison. Une approche épistémologique, morale et politique qu’on peut donc résumer avec la devise latine mot “Sapere aude!”, qui littéralement signifie Ose savoir!.

Montesquieu (1689 – 1755)

Charles de Secondat, baron de Montesquieu naît dans une famille noble de robe. Il étudie le droit et exerce des fonctions politiques, mais en 1716 laisse tout pour se dédier à la science, à la littérature et à la fréquentation des salons plus importants de Paris. Mais ce seront les thèmes politiques l’objet privilégié de ses réflexions. Il devient célèbre grâce à la publication des Lettres Persanes (1721): un roman épistolaire qui, à travers les voix de deux persans, critique d’un ton satirique les incongruences des régimes absolues de nature politique et religieuses. En 1728 il est élu à l’Académie française en obtenant des missions qui l’amènent à voyager dans toute l’Europe. Ceci lui permet d’observer la politique, l’économie et les usages des pays qu’il visite: une richesse d’expériences qui seront à la base de son autre œuvre célèbre, L’esprit des lois (1748).

Le point de départ de Montesquieu c’est que l’être humain constitue des sociétés pour mieux survivre et satisfaire ses besoins. Mais la coexistence nécessite de lois qui règlent le comportement des individus, et ces lois doivent être adaptées à l’esprit de chaque peuple – définit par plusieurs facteurs comme les mœurs, les traditions, la religion et aussi le climat. Une autre importante théorie qu’on peut trouver dans L’esprit des lois est la répartition des pouvoirs. Selon l’auteur, le meilleur moyen pour garantir les droits et les libertés individuelles c’est la subdivision du pouvoir de l’État en trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) gérés par trois organes différents (le Parlement, le Gouvernement et le système judiciaire). Montesquieu passera ses dernières années, aveugle, à défendre son œuvre.

Voltaire (1694 – 1778)

François Marie Arouet, connu comme Voltaire, philosophe, écrivain et activiste politique est un homme qui incarne le modèle intellectuel des Lumières. Après avoir étudié rhétorique et philosophie au collège de Clermont, il commence dès l’âge de 17 ans à vivre de sa plume. À cause de ses opinions il sera emprisonné à la Bastille plusieurs fois (en 1717, et c’est ici qu’il adopte le pseudonyme Voltaire et en 1726) et contraint à l’exil en Angleterre (1726 – 1729), à Cirey (1734) après la publication de ses Lettres philosophique et en Prusse (1750) après une période de grâce qui le voit membre de l’Académie française et de la cour de Versailles. Finalement, en 1758 il s’installe au château de Ferney et peut se dédier à l’écriture, à la conversation et à la défense de la justice et des droits individuels.

L’œuvre de Voltaire a pour pivot le rapport entre l’être humain et Dieu et peut être subdivisée en trois phases. Quand il est jeune Voltaire écrit beaucoup de pièce de théâtre; c’est seulement après son séjour en Angleterre qu’il se dédie à la défense du déisme (selon lequel Dieu peut être connu à travers la raison et l’expérience) et de la liberté individuelle (parce que Dieu, à part l’acte de la création, n’intervient pas dans la vie des hommes). Quelques œuvres représentatives sont: les Lettres philosophiques (1733) et Zadig ou la destinée (1748).  La troisième phase prend un virage plus pessimiste après le terrible tremblement de terre de Lisbonne (1756). Voltaire commence à réfléchir sur l’existence du mal liée à l’existence de la divinité en Candide ou l’optimisme (1759) et sur l’importance de la tolérance (religieuse) dans le Traité sur la tolérance (1763). Une autre œuvre célèbre est le Dictionnaire philosophique (1764 – 1769), ayant l’objectif de diffuser la culture des Lumières.

Diderot (1713 – 1784)

Denis Diderot – né dans une famille bourgeoise et religieuse -, philosophe, littéraire et critique d’art est peut-être le meilleur représentant de l’esprit inquiet et innovateur du Siècle des Lumières. Deux événements marquent sa jeunesse: la mort de sa sœur dans un couvent (ce qui provoque son éloignement de la religion envers le matérialisme athée) et l’emprisonnement au château de Vincennes précisément pour les thèses matérialistes et athées qu’il professe dans la Lettres sur les aveugles (1749). Après cette expérience se dédiera à fond pour plus de vingt ans avec d’Alembert à la rédaction de son œuvre plus importante: l’Encyclopédie.

Mais Diderot est auteur de beaucoup d’autres livres couvrant plusieurs genres et thèmes. Il y a les romans: comme La religieuse (1796) ou Jacques le fataliste (1796); les contes: comme Supplément au voyage de Bougainville (1796); les dialogues: comme Le neveu de Rameau (1891) ou Le rêve de d’Alembert; et le théâtre: comme Le fils naturel (1757) ou le Père de famille (1760). Dans le domaine des traités philosophiques, il s’intéresse de religion (surtout dans ses premières publications où il cherche les fondements d’une morale laïque), de nature (Sur l’interprétation de la nature, 1753), d’art en tant qu’esthéticien et critique (Salons, 1759 – 1781), et de politique (dans ses dernières années). Beaucoup de ses œuvres circulent seulement auprès d’un strict cercle d’amis et seront publiées posthumes à cause de la nature controversée des idées qu’elles communiquaient.

Rousseau (1712 – 1778)

Jean-Jacques Rousseau – philosophe et écrivain, théoricien de l’art, de la pédagogie et de la politique – est une des figures les plus complexes du XIX siècle. Il est tout à fait représentant des Lumières mais aussi précurseur du Romantisme, de Marx et des mouvements pédagogiques du XX siècle. On a déjà parlé de lui dans un article précédent en se concentrant sur son côté romantique: le naturalisme, le remplacement de la primauté de la raison avec la primauté des sentiments et les œuvres autobiographiques comme les Rêveries du promeneurs solitaire (1782). Ici nous allons approfondir sa pensée politique, au centre du débat du temps et plusieurs fois aussi en ouverte polémique avec les autres auteurs des Lumières.

Pendant sa vie, Rousseau connaît un déplacement géographique continu entre France et Suisse. Depuis 1742 il se trouve à Paris où il fréquente le milieu intellectuel en devenant assez célèbre. À l’occasion de certains concours de l’Académie des Sciences de Dijon, entre 1749 et 1755, Rousseau écrit le Discours sur les sciences et les arts (1750) et le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755). L’idée centrale des deux textes c’est que le développement intellectuel et matériel ne contribue pas au progrès moral de l’humanité, mais au contraire ce sont des agents de corruption et aliénation de la nature (humaine). Telle deviendra la base de toute sa pensée philosophique, car il cherchera à trouver des solutions au problème révélé dans les deux discours.

Par exemple, dans le Contrat social (1762) Rousseau propose un modèle d’État démocratique fondé sur un contrat social partagé par tous les citoyens afin de garantir les libertés individuelles. Mais un tel modèle nécessite que les êtres humains retournent à leur état naturel, quand ils étaient altruistes et coopératifs avant que la société ne le rende égoïstes et agressives. L’instrument primaire pour atteindre cet objectif est l’éducation. Toujours en 1762 Rousseau publie Émile ou De l’éducation, ou il s’imagine un garçon qui grandit loin de la société selon des principes révolutionnaires: contact avec la nature, suivre la curiosité de l’élève, apprendre à travers l’expérience, développement des émotions.

Les thèmes et les idées des Lumières

Déjà par cette brève introduction aux auteurs principaux il est possible de voir des importants connections, surtout sur les plans épistémologique, politique, étique et social.

Raison, sentiment et imagination

Le nouveau projet épistémologique des Lumières n’est pas la supposée primauté incontestée de la raison, mais la construction d’un nouvel humanisme des modernes: un virage anthropologique fondé sur l’empirisme, la méthode expérimentale et le renforcement de l’imagination. Ce qui éclaire l’obscurité, l’ignorance et la vie sociale n’est pas seulement la raison, mais aussi la sensibilité, qui nous met en contact avec la nature, et l’imagination, qui n’est pas seulement fantaisie mais faculté de création et connaissance. Deux sont les œuvres où ce projet épistémologique prend forme et se concrétise.

La première est certainement l’Encyclopédie et l’arbre des connaissances sur lequel elle se fonde. L’arbre s’enracine dans les trois facultés intellectuelles fondamentales de l’homme: la mémoire, la raison et l’imagination. Ceux-ci sont repensés sans hiérarchie, comme autant de parties décisives de l’être humain tout entier. Un élément d’extrême nouveauté, car normalement c’est la raison en tête (Platon, Aristote, Descartes, …) ou, dans des cas plus rares, la mémoire (Bacon). Pour la première fois dans l’histoire de la pensée occidentale, les Lumières placent l’imagination au même niveau que la mémoire et la raison.

Mais on peut probablement mieux comprendre le nouveau rôle de sensibilité et imagination en lisant Sur l’interprétation de la nature (1753) de Diderot. À l’observateur scientifique d’une nature objective du XVI siècle s’oppose l’interprète scientifique d’une nature en perpétuel devenir et changement. Ce dernier ne s’arrête pas là où l’emmènent la raison et le sens (pour autant qu’ils soient importants) et formule des hypothèses en faisant appel à l’imagination et à l’intuition, tirant de l’expérience des conclusions abstraites et générales qui sont aussi valides que celles sensibles et particulières.

Les Lumières contre les préjugés

Comme on a vu en parlant de la définition des Lumières donnée par Kant, un thème fondamental est celui du courage de penser avec sa propre tête. Cela se traduit par une lutte contre les préjugés, les superstitions, l’ignorance, la censure et l’obscurantisme. En fin de compte précisément tout ce qui se pose comme absolue, certain et intouchable doit être l’objet d’un examen minutieux (thème qui sera repris par Nietzsche pendant une phase de sa pensée).

Les thèmes les plus touchés par la critique des Lumières sont de nature religieuse, politique et sociale. Par exemple, le Candide et le Dictionnaire philosophique de Voltaire ou La religieuse de Diderot font la satire du fanatisme religieux. Le Candide démontre aussi les misères de l’esclavage et trouve un écho plus théorique dans l’Esprit des lois de Montesquieu. L’autre œuvre importante de l’auteur – Les Lettres persanes – ainsi comme Le neveu de Rameau de Diderot combat les traditions sociales et morales de la société monarchique française.

Cette partie critique vise à obtenir un résultat positif: le développement de nouveaux modèles politiques. La monarchie absolue de droit divin est contestée en faveur des modèles de monarchie constitutionnelle ou de république qui proviennent de l’Angleterre et des États Unis. Autres nouveautés sont, par l’exemple, l’idée de la division des pouvoir de Montesquieu ou l’abolition de l’esclavage. Celle des Lumières est une littérature engagée, qui veut obtenir une incidence concrète sur le monde et les autres.

Bonheur et progrès selon les Lumières

Avec les Lumières on a deux grandes innovations sur le thème du bonheur:

  • L’individu devient la mesure du bonheur. En continuant un parcours commencé par l’humanisme du XVI siècle les Lumières emphatisent l’importance des libertés individuelles, d‘un espace de choix sur propres opinions, sa foi et ses possibilités d’expressions – dont il est responsable.
  • L’horizon du bonheur se déplace sur le présent. Le bonheur n’est plus à obtenir dans un temps et lieu futur (un au-delà, un paradis, une vie éternelle après la mort), mais ici et maintenant, sur cette terre et en ce moment.

Mais après il faut dire que sur le contenu du bonheur (ce qui peut nous rendre heureux) les philosophes de cette époque ne sont pas tous d’accord. Pour les libertins comme Sade ce sont les plaisirs sensuels les sources du bonheur, tandis que pour Rousseau il faut chercher dans la nature et les sentiments. Et encore, il est très célèbre la thèse qu’on trouve dans la conclusion du Candide de Voltaire selon laquelle “il faut cultiver son propre jardin”.

Cependant ce bonheur individuel n’est pas en contradiction avec la recherche d’un bonheur collectif. À ce propos il y a deux courants de pensée que sont mieux représentés par Voltaire et Rousseau:

  • Voltaire soutient l’idée de progrès. L’humanité est en marche vers le bonheur, parce que la diffusion du savoir et la progression matérielle apporteront des grandes améliorations dans tous les domaines du vivre collectif: au niveau politique, social, moral, économique, culturel.
  • Pour Rousseau, au contraire, il faut chercher le bonheur collectif dans le passé. Les contacts avec les peuples exotiques et lointains des colonies, font penser à Rousseau (et beaucoup d’autres auteurs) que le bonheur de l’humanité est perdu dans les sociétés civilisées qui se sont éloignées de la condition originale de l’être humain en contact avec la nature: c’est le mythe du bon sauvage et de l’état de nature.

Le cosmopolitisme des Lumières

La rencontre avec différentes cultures à la suite de la première globalisation commencée au XV siècle a un fort impact sur la réflexion philosophique et littéraire. Chez les Lumières, par exemple, elle a un double effet. D’un côté, c’est un élément qui supporte la critique des préjugés, car elle met en crise la vision chrétienne de l’histoire comme la réalisation d’un plan providentiel – par exemple. De l’autre côté, cette rencontre génère des nouvelles idées, comme celle de l’état de nature, du bon sauvage et une nouvelle conception de l’histoire naturelle de l’humanité comme un développement implacable des Lumières. Un progrès qui se développe à différentes vitesses et qui peut connaître des moments de décadence.

Il est clair que la perspective reste eurocentrique: l’Europe est toujours le centre et le sommet du progrès. Mais il faut dire que les Lumières commencent à se demander comment établir une relation différente avec les autres cultures qui puissent reconnaître et respecter leur forme et caractéristiques spécifiques. Les Lumières sont cosmopolites: nationalisme et patriotisme ne sont pas importants par rapport au désir d’être “citoyens du monde”. Donc, pendant le siècle des Lumières commence le processus qui portera à nos sociétés multiculturelles.

Le concept à la base de cette vision est la République des Lettres. L’idée naît déjà dans le siècle précédent avec Bayle: un journal, libre de toute censure, favorisant la circulation des idées. Mais progressivement la République des Lettres devient une véritable communauté d’égaux indépendante de l’appartenance national, liée par des intérêts, des codes de conduite et des modes de communication. Certainement au début cette communauté idéale a un caractère élitiste, mais progressivement elle se transforme en une société réelle de sages qui critiquent la réalité et interviennent pour la changer. Peu à peu, la dimension universelle et le sens de la cohésion du cosmopolitisme se réfèrent non seulement au petit cercle d’intellectuels, mais à l’ensemble de l’humanité, qu’ils entendent représenter.

Les genres et autres éléments stylistique des Lumières

Le XIX siècle est une période de grande nouveauté pour la philosophie d’un point de vue stylistique: vieux genres sont récupérés, des nouveaux sont inventés. Et tout en fonction des objectifs de liberté, savoir et égalité que ces auteurs partagent.

L’Encyclopédie et les œuvres de divulgation

Souvent l’Encyclopédie est vue comme le grand manifeste ou programme de la philosophie des Lumières. L’objectif ambitieux de Diderot et D’Alembert était de synthétiser et diffuser dans une seule œuvre organique toutes les connaissances accumulées au cours des siècles, en les mettant en discussion et en les soumettant à l’examen critique de la raison. Parce que l’Encyclopédie n’est pas seulement une récolte de l’histoire des savoirs, mais une opération qui veut aussi orienter leur avenir selon des principes: l’empirisme, la fois dans le progrès des sciences et des arts et la réévaluation de la technique.   

Le résultat est à peu près un ensemble de 72.000 articles rédigé par plus de 200 auteurs et réparti en 28 volumes. C’est sûrement l’œuvre de divulgation la plus grandiose de l’époque, mais il y a beaucoup d’autres exemples dont l’objectif n’est pas de démontrer l’érudition de l’auteur mais de communiquer de façon claire au plus grand public possible. Le meilleur exemple est le Dictionnaire philosophique de Voltaire: un texte très particulier parce que ses articles sont écrits sous forme de dialogue, anecdote, fable, questions, allégorie et notes de lectures. De cette manière, comme l’écrit Gerhardt Stenger dans la Préface à une édition récente du Dictionnaire, “Voltaire a réussi à hisser le genre banal du dictionnaire au rang de chef-d’œuvre de la littérature d’idées du siècle des Lumières”.

Les genres narratifs et le théâtre

Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire”. Avec ces paroles qu’on trouve dans Sur l’interprétation de la nature on peut comprendre le grand renouvellement stylistique de l’écriture des Lumières. Le public de la philosophie n’est pas seulement ou primairement la communauté philosophique elle-même, mais plutôt la société en générale; et pour se faire écouter à la fois par le noble et par la bourgeoisie et la paysannerie, il est nécessaire de communiquer de manière différente. Et c’est pour cela que tous les auteurs qu’on a vus jusqu’ici expérimentent les genres les plus divers: des contes brefs au romans, des dialogues aux essais, de l’autobiographie à l’épistolaire (tous les deux nouveaux genres qui sont inventés respectivement par Rousseau et Montesquieu).  

Une place spéciale dans ce discours est occupée par le théâtre. Les Lumières inventent des nouveaux genres et les utilisent pour approcher des thèmes polémiques de façon légère. Beaumarchais et Marivaux utilisent la comédie et les intrigues amoureux pour critiquer la société: ils contestent les privilèges des nobles, ils revendiquent la justice sociale et incitent des idées révolutionnaires. Diderot est l’auteur et théoricien principal de ce qu’on appelle “drame bourgeois”: les sujets mythologiques et héroïques de la tragédie sont substitués par des personnages contemporains avec des problèmes sociaux et familiaux. Par rapport à la comédie, le registre est plus pathétique et il y a un fort message moral.

Ironie et polémique chez les Lumières

L’approche critique à travers la comicité n’est pas seulement un trait distinctif de Beaumarchais et Marivaux, mais est une caractéristique de tous les Lumières. Les thèmes politiques et sociaux et les objectifs de ces auteurs (contester l’ordre établi, penser de manière autonome, construire des nouveaux modèles du vivre collectif) nécessitent d’un registre ironique et polémique.

Les exemples les plus célèbres sont De l’esclavage des Nègres et les Lettres Persanes de Montesquieu et le Candide de Voltaire. Dans le premier Montesquieu fait semblant d’être en faveur de l’esclavage, parvenant ainsi à donner un portait ironique et grotesque de beaucoup de ces contemporains. Dans les Lettres l’effet polémique est plutôt obtenu grâce au regard extérieur des étrangers protagonistes du livre. Enfin, le conte philosophique de Voltaire est complètement imprégné d’un esprit ironique. L’objectif polémique principal est l’optimisme de ceux qui pensent que ceci est le meilleur des mondes possibles (comme le philosophe Leibniz représenté dans l’histoire par le précepteur Pangloss); mais très célèbre est aussi l’antiphrase sur la guerre du Chapitre trois: “Rien n’était si beau si leste si brillant, si bien ordonné que les deux armées”.

Ti potrebbe interessare anche…

Stiamo per lanciare una newsletter!

Iscriviti per ricevere appunti, news, video e strumenti per lo studio direttamente nella tua e-mail. Promettiamo di non spammarti mai!

Grazie dell'iscrizione! Sarai tra i primi a ricevere i nostri aggiornamenti ;)

There was an error while trying to send your request. Please try again.

Più Di Sei utilizzerà le informazioni fornite in questo modulo per essere in contatto con voi e per fornire aggiornamenti e marketing.